Musée de la médecine traditionnelle chinoise

Nous nous sommes réveillés hier matin dans les nuages. Ne vous méprenez pas : l’expression n’est pas à prendre ici au figuré. Nous étions littéralement DANS les nuages, avec une visibilité extérieure d’environ 50 cm et un blanc cotonneux à toutes nos fenêtres, pour un peu on se serait cru dans un film de Miyazaki. Nous qui avions envisagé éventuellement un tour au Shanghai Film Park, nous avons prestement changé notre fusil d’épaule. Notez que ça ne tombait pas si mal : les températures ont nettement baissé ces 10 derniers jours, nos amies les centrales électriques à charbon ont donc repris du service et avec elle la forte pollution. Ça sent mauvais, ça fait mal à la tête, bref, les conditions extérieures parfaites pour un musée. Peut-être est-ce par association d’idée avec Le château dans le ciel, en tout cas nous sommes tout de suite tombés d’accord sur le musée de l’animation et des comics. Les photos avaient l’air sympa, pour une fois nous n’avions pas besoin de traverser le fleuve et nos enfants seraient contents de ne pas visiter un n-ième musée sur un thème culturel obscur spécial parents. Les plus observateurs auront déjà noté qu’il y a peu de rapport entre le titre de cet article et le musée de l’animation. Nous avons dû conclure que notre réveil dans les nuages n’avait finalement rien à voir avec Miyazaki puisque notre musée cible était fermé. Fermeture a priori pour travaux vu le bruit infernal qui s’en élevait mais on n’est sûrs de rien vu l’absence totale d’information sur place.

Nous étions donc perdus au fin fond de Pudong et nous apprêtions à formuler des prières à Guanyin (la forme féminine chinoise du bouddha de la compassion, je vous en parlerais une autre fois) pour qu’un taxi passe dans ce coin reculé. Voeu exaucé, et rechangement preste de fusil d’épaule : en route pour le musée de la médecine traditionnelle chinoise dont nous avions opportunément vu les panneaux sur le trajet. Là, fin de la malchance : c’était ouvert, et désert comme souvent à Shanghai dès qu’on sort un tout petit peu des sentiers battus. Et beau, et intéressant et même avec des panneaux en anglais, et pas cher. Bref tout pour plaire ou presque. Même nos enfants ne se sont pas roulés par terre de déception (rassurez-vous, Beauté Blonde s’est rattrapé au cours de la visite. On est rassurés, on avait failli ne pas le reconnaître).

Juste pour vous permettre de briller en société, sachez que basées sur les principes philosophiques, religieux, artistiques et scientifiques de la Chine ancienne, les techniques de médecine traditionnelle se sont développées et améliorées continuellement de la dynastie Qin (200 av J.C.) jusqu’aux dynasties Ming et Qing (18ème jusqu’au début du 20ème siècle). Elle s’est même enrichie des apports de la médecine moderne lors des contacts de la Chine avec l’occident. Le musée présente nombre d’objets et d’instruments médicaux, de livres de médecine, de calligraphies mais aussi d’ingrédients utilisés dans la médecine traditionnelle chinoise. Acupuncture, chirurgie, pharmacopée, mais aussi objets pratiques pour le soin (urinoirs, crachoirs, brûleurs à fumigation) viennent former une collection à la dimension artistique étonnamment forte.

L’étage consacré à la pharmacopée présente quant à lui une impressionnante collection de plantes et végétaux divers – remarquablement exposés – mais également de minéraux ou parties animales diverses (patte de tigre, carapace de tortue, patte de daim, queue de lapin, cornes de mammifères divers, carapace de crabe et des tas d’autres choses exotiques). On le savait déjà mais vraiment tout (voire n’importe quoi ?) peut entrer dans la constitution d’un médicament traditionnel chinois. Curieusement ça ne me donne pas vraiment envie d’avaler ces petites pilules, néanmoins cette médecine est encore très largement utilisée ici en complément de la médecine « moderne », et tout hôpital chinois dispose d’un service de médecine traditionnelle. Complémentarité des approches plutôt qu’exclusion, je me demande si nous n’aurions pas intérêt à en prendre de la graine dans nos grands hôpitaux…

Enfin et juste parce qu’ils m’ont trop plu, je vous laisse sur les petites sculptures en ivoire des trois figures mythiques classiques ayant supposément créé la Chine : Fu Xi, Shen Nong et Huang Di (aussi connu comme l’Empereur Jaune). Ne dirait-on pas de facétieux petits farfadets ?

Y aller : Museum of TCM, site de la Shanghai University of Chinese Traditionnal Medecine – 1200 Cailun Lu (proche de Jinke Lu)(métro le plus proche : Zhangjiang Hi-TechPark, L2). Entrée : 15 kuais / adulte.

grandbondmilieu_musee_medecine_traditionelle_chinoise

10 Comments

    • Ben sur le musée de l’animation c’est pas gagné parce que ça semblait assez désert, voire à l’abandon malgré les bruits de travaux. Pas exclu du tout qu’il ne rouvre jamais ses portes 🙁

    • Nos enfants sont surtout résignés je crois (ou alors habitués, c’est peut-être moins péjoratif), et on fait en sorte de les intéresser à tout ce qu’on voit 😉 Bonne journée !

  1. « … DANS les nuages, avec une visibilité extérieure d’environ 50 cm et un blanc cotonneux « … les avions
    atterrissent quand même, ou je dois prévoir de sauter en parachute au dessus de Pudong?

    • En général ça ne dure pas et ça n’arrive qu’une fois par an, donc normalement tu ne devrais pas avoir besoin de ton parachute 😉

  2. C’est ce que j’aime dans la pensée chinoise en générale : pas d’exclusion mais complémentarité des approches…
    Et j’irais bien y faire un tour dans ce musée (bon, ok, c’est un peu loin pour moi ^^)
    Belle journée

  3. Je suis sûre que ce musée m’aurait beaucoup plu aussi. La multitude des points d’acuponcture de la sculpture en bronze est inquiétante. Comment font-ils pour les détecter au milieu de nos multiples bourrelets et autres rondeurs, voire déformations…. Des pro ces chinois !

    • Comment ils font, je ne sais pas, mais ce qui est clair quand on fait une séance c’est qu’ils ont vraiment l’air de savoir ce qu’ils font et de chercher le bon point où planter l’aiguille…

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