Xi’an #1 : l’armée enterrée de Qin Shi Huang

L’armée de terre cuite de l’empereur Qin Shi Huang, tout le monde l’a vue au moins une fois dans sa vie en photo à moins de vivre au fin fond d’une grotte. C’est le site le plus célèbre de Xi’an, l’un des plus célèbres de Chine et la raison principale pour laquelle les touristes du monde entier viennent dans cette ancienne capitale impériale. Nous n’avons pas fait exception à la règle, notre connaissance antérieure de Xi’an ne dépassant pas d’un iota la moyenne touristique. Nous avons donc consacré notre première journée ici à aller voir l’armée de terre cuite et la petite pagode de l’oie sauvage. Et depuis nous avons découvert Xi’an au-delà de ses célèbres guerriers et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle nous a totalement séduits, mais je vous parlerai de cela très bientôt.

Alors, cette fameuse armée de terre cuite. N’allait-elle pas nous décevoir ? N’allions nous pas jouer les blasés sur le ton du « on les voit mieux en photo sur les affiches » ? Et bien non, nous ne mangeons pas de ce pain là et nous avons été totalement époustouflés par cette armée, ses fosses, ses bataillons, ses chevaux, ses détails, sa beauté. Oui nous sommes placés un peu loin, oui nous sommes en hauteur plutôt qu’à hauteur mais découvrir ces statues sur le site même pour lequel elles ont été conçues, dans toute la démesure du projet de Qin Shi Huang et avec les archéologues oeuvrant encore sur le site pour leur restauration et leur conservation c’était incroyable. Même les enfants ont été (relativement) sages et ont apprécié les guerriers, Beauté Blonde avait même une envie furieuse de descendre dans la fosse et râlait qu’on le lui refuse (je veux bien les jeter dans la fosse aux lions mais seulement si c’est moi qui décide). Si on fait un petit résumé de ce qu’on s’est échangé pendant la visite avec MonMeilleurMari ça donne en gros « incroyable-t’as-vu-non-mais-c’est-dingue-et-ça-t’as-vu-oui-c’est-fou-génial-beau-incroyable-magnifique-dingue-dingue-dingue », et ce d’autant plus que nous avons eu la chance inespérée qu’il y ait très peu de monde sur le site ce jour-là et de pouvoir en profiter pleinement. Même la fosse 2, dont les bataillons n’ont pas été encore été déterrés pour préserver leur polychromie et présente donc encore ses « toits » de poutres et de terre m’a emballée par ce qu’elle montre de l’état originel des fosses. Je crois que je suis d’un naturel enthousiaste.

Le site m’apparaît d’autant plus incroyable lorsqu’on connait l’histoire de sa construction. Monté sur le trône d’un des sept royaumes combattants à l’âge de treize ans, le jeune monarque qui régnera plus tard sous le nom de Qin Shi Huang en tant que premier empereur de Chine, a immédiatement entrepris la construction de son tombeau. Il n’est jamais trop tard pour préparer l’au-delà, surtout lorsque ses ambitions sont grandes. Achevé par son fils deux ans après sa mort presque quarante ans plus tard, le site funéraire s’étend sur 56 km² et a nécessité la réquisition de plus de 720 000 personnes pour sa construction. Pendant qu’il préparait à coups de grands travaux son immortalité, le jeune roi préparait également la guerre contre les royaumes voisins : lancée à l’âge de trente ans, elle s’acheva neuf ans plus tard par sa victoire totale et l’unification des sept royaumes, qui s’étaient déchirés pendant 500 ans dans des guerres où aucun n’avait pu l’emporter sur les autres. Il fonde alors la dynastie des Qin – prononcé « tchine » – d’où le nom Chine sous lequel nous nommons encore l’Empire du Milieu. Dans la foulée, il fit créer un système d’écriture commun à toutes les langues parlées sur cet immense territoire et décida que son pays serait désormais réglé par une loi commune et applicable à tous. Autant dire qu’il posa les fondements de la Chine telle que nous la connaissons aujourd’hui, même si sa dynastie s’éteignit avec son fils seulement 14 ans après avoir été fondée.

Qin Shi Huang me fait curieusement penser à un autre jeune roi monté sur le trône très tôt et qui a marqué la France d’une empreinte indélébile. Même despotisme, même puissance guerrière, même construction de la nation par la langue, mêmes projets de construction mégalomaniaques, même (sur)consommation de main d’oeuvre, et au final mêmes monuments visités par les touristes du monde entier. Notre bon roi Louis n’aurait pas manqué de reconnaître en Qin Shi Huang son frère chinois s’ils avaient été contemporains. Il semble que le patrimoine mondial de l’humanité doive souvent dire merci aux grands despotes.

 

Conseil pratique : d’après notre guide locale, le mois d’avril est très chargé en nombre de visiteurs (période de vacances en Europe) mais très calme au moi de mai (sauf week-end du 1er mai, férié en Chine).

 

GrandBondMilieu_Xian_Armee_enterree

5 Comments

    • Merci pour la nomination Damien, c’est un joli clin d’oeil… Mais avec tout ce que j’ai encore à écrire sur Xi’an et le reste, il n’est pas encore dit que j’aurais le temps d’y répondre rapidement. Je vais néanmoins de ce pas jeter un coup d’oeil à ton site. Zaijian !

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