Je suis française. Je suis Charlie.

Hier soir nous nous sommes couchés avec la tête sonnée. Ce matin nous nous sommes levés avec les larmes aux yeux, et même aux joues. Charlie Hebdo a été attaqué. Cabu est mort. Et Wolinski, et Charb, et Tignous, et Bernard Maris et sept autres dont je ne connais pas les noms. Ce matin j’ai lu les journaux français, et vu les photos, et relu les noms et après avoir réussi à y croire j’ai pleuré. De rage, d’absurdité, de gâchis, d’incompréhension, d’incrédulité. De tristesse.

Cabu est mort. Je n’en reviens pas. Cabu que j’ai découvert aux côtés de Dorothée dans récré A2. Cabu que j’ai continué à voir à Télématin une fois plus grande. Puis à lire rapidement et en pointillés dans le Canard Enchaîné auquel mon père est abonné depuis toujours. Cabu et sa tête d’éternel enfant, et son sourire bienveillant. Mort sous les balles que d’ignares imbéciles ont dirigé sur lui. Pour faire taire son irrévérence, son humour, sa liberté. La nôtre. Cabu qui dessinait des beaufs et vient de payer bien cher son talent. J’ai mal à mon enfance, et ça lui fait une belle jambe au prophète. Imbéciles.

Je ne lisais pas Charlie Hebdo, je n’aimais pas toujours (pas souvent) leur « une » provoc’, parfois scato, souvent « trop » pour moi. Mais leur existence même, leur publication était essentielle à nos vies sans qu’on le sache. Essentielle à la liberté d’expression, à celle de penser, même mal, même vulgairement, même outrancièrement, mais autrement que politiquement correct. Les ignares imbéciles ne se sont pas trompés de cible. Chalie Hebdo était dangereux. Dangereux pour le conformisme, pour la bien-pensance, pour la pensée unique, pour le bon goût, pour la morale bourgeoise, pour la pensée totalitaire et sectaire. Charlie Hebdo conchiait la connerie extrémiste. Je ne tire sur personne mais je conchie avec eux les innommables cons. Charlie Hebdo était dangereux et il vous emmerde, aujourd’hui plus qu’hier et moins que demain.

Et au bout du monde, loin du 11ème arrondissement, loin de la place de la République je me sens très proche et très loin de la France, de ma France. Et triste, et profondément française. Française. C’est à dire née dans un pays où on à le droit penser ce que l’on veut, et de le dire, et de croire ce qu’on veut, où de ne croire en rien, et d’apprendre à penser par soi-même et d’emporter ce trésor de liberté avec soi partout où l’on va. Et de dessiner, et de caricaturer, et de se moquer sans que ce soit un crime d’Etat ou un crime contre Dieu.

Je suis française. Je suis Charlie.

 

Crédit photo : Les Echos pour l’image de une, et les auteurs de Charlie Hebdo.

jesuischarlie2

7 Comments

  1. Je reviens de la place du Capitole les larmes plein les yeux : il faisait soleil à midi mais tellement froid pendant cette minute de silence… Nous sommes Charlie, il ne faut rien lâcher car de nous dépend dans quel monde vivront nos enfants

  2. « Charlie Hebdo sortira comme prévu mercredi prochain, à 1 million d’exemplaire ».

    Même si ce n’est pas mon journal de prédilection, je serai là aux premières heures pour l’acheter, par solidarité … En deux exemplaires, même ! pour ma copine qui est si loin, mais qui est si près 🙂

  3. Ici, on a la gueule de bois. Les Français ont de très belles réactions, spontanées et meilleures que nos politiques ….
    j’ai découvert les dessinateurs et caricaturistes de presse dans le Canard enchaîné au lycée et les ai suivi depuis. Comme toi, Charlie hebdo, que je lisais quelquefois, était un peu « trop » pour moi, mais sa place est non seulement utile mais essentielle pour la liberté de penser et d’écrire.
    Nous sommes nombreux à vouloir acheter le prochain numéro et j’en serai bien sûr !
    une Charlie

Répondre à FRERY Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Soyez bons en calcul et validez votre commentaire :