Petit retour en arrière, petite parenthèse nankinoise dans ce monde de brutes. Nous y étions il y a quinze jours tout juste, quinze jours qui me paraissent aujourd’hui à des années lumières et qui pourtant méritent d’être relatés.
Nankin, ancienne capitale du sud, ancienne ville impériale, encore cernée de hauts remparts de briques noires, posée au bord du Yang Tze. Mais également (surtout !) ville d’aujourd’hui de 3,6 millions d’habitants, hérissée d’immeubles et de centres commerciaux. Et bordée à l’est d’une immense colline boisée préservée appelée Montagne Pourpre, qui vous fait oublier que la ville est à ses pieds et Shanghai à seulement 1h40 de train. Sur la « montagne » se trouve de quoi satisfaire les envies de visites et de nature des plus exigeants : le tombeau du premier roi Ming de la dynastie, le mausolée de Sun Yatsen (considéré comme le père de la Chine moderne), le temple bouddhique Jinggu et plusieurs autres sites d’intérêt… et des arbres, et des oiseaux, et peu de voitures, et même… du silence. C’est beau, c’est calme, c’est calme. C’est calme. Ça sent la forêt, c’est incroyable, on avait presque oublié à quoi ça ressemblait.
Et de cette longue promenade boisée nous avons eu bien le loisir de profiter lorsque le taxi qui nous emmenait au tombeau Ming nous a lâché dans une montée embouteillée, nous faisant signe que notre destination était « par là ». Apercevant un début de chemin et quelques guérites à une cinquantaine de mètres nous voilà descendant du taxi avec armes, bagages et gremlins emmitouflés. Sauf que l’entrée du tombeau n’était pas du tout au niveau des guérites mais quelques deux kilomètres plus loin sur la route. De quoi donner envie de progresser en chinois (et de pester contre les taxis qui ne supportent pas un mini-embouteillage). Deux kilomètres à pied, ça use, ça use… La récompense était toutefois au bout du chemin car le site du tombeau est absolument magnifique. On y pénètre en suivant une longue allée d’honneur entre deux rangées d’animaux de pierre (ou celle bordée de ministres et de mandarins), puis un immense jardin paysagé, parsemé de petit pavillons, d’un lac, et d’innombrables cerisiers qui doivent éblouir au printemps. Au cours de notre longue promenade sur le site, nous n’avons pas trouvé le tombeau lui-même (une simple butte d’après notre guide) mais exploré le palais et ses successions de cours et de pavillon, lesquels ont servi de modèle à la Cité Interdite. Malgré le froid et la longue marche nous sommes sortis enchantés de notre découverte et de ce plein de chlorophylle. Au retour, poursuivis par notre malédiction des taxis, nous avons opté pour le seul moyen de transport disponible sur cette route pseudo-campagnarde en montant dans notre premier bus chinois. Un bus qui nous a déposés de manière totalement inespérée à cinq minutes à pied de notre hôtel : loués soient les bus nankinois.
Nous sommes revenus sur le site deux jours après pour visiter le temple bouddhique Jinggu. Autre partie de la Montagne Pourpre, d’un calme encore supérieur puisque nous étions cette fois quasi seuls pour découvrir les pavillons perdus au milieu des bois, dont l’impressionnante plafond en berceau de la « salle sans poutre ». Le temple lui-même est très beau, avec un coup de coeur personnel pour le faux ficus aux feuilles dorées orné des voeux des fidèles dans la première cour. Je me mets à aimer les arbres dorés, je crois que c’est le signe que je m’acclimate bien à la Chine. Le temps nous a malheureusement manqué pour pousser jusqu’à la pagode située à l’arrière du temple mais le chemin bucolique qui y menait semblait des plus tentants.
Finalement, autant la ville de Nankin elle-même m’avait semblé décevante avec ses immeubles et ses grandes avenues (exception faite du quartier du temple de Confucius), autant la Montagne Pourpre et le lac Xuanwu à ses pieds constitue un bol d’air inestimable pour couper avec la folie trépidante de la ville. Si nous devions retourner à Nankin je choisirai probablement de descendre dans l’un des hôtels logés (discrètement) sur la colline elle-même pour passer quelques jours au milieu des arbres.
A bientôt pour le troisième et dernier opus nankinois !
Merci pour ta présentation de façon si fraîche d’une échappée bucolique et néanmoins culturelle et historique. Belle ballade matinale, silencieuse et apaisante …. avec des rencontres de moines accueillants et souriants !