Découvrir Angkor #1 : Angkor Thom

Il gèle ! Il gèle même sec depuis plusieurs jours. Et pendant que le monde entier à les yeux rivés vers New York et son snowzilla, la Chine se morfond sous le froid sibérien le plus rude qu’elle ait vécu depuis 35 ans. En un sens, ça me rassure : au moins je sais que cette année est une exception et que nous retrouverons peut-être l’an prochain un climat plus clément. N’empêche qu’il gèle (et qu’il pleut par dessus le marché) et que je soigne ma morosité météo à coup de noix de cajou, ce qui est très mauvais pour mon fessier. Beauté Blonde dans sa grande sagesse a trouvé la solution : « maman, ne prend l’avion, ne fait la valise, et le maillot de bain ». J’aurais bien essayé de lui expliquer que c’est pas parce que c’est un enfant d’expat’ qu’il doit croire qu’on prend l’avion en claquant des doigts pour partir au soleil à la moindre intempérie, mais son père vient de partir en business trip en Thaïlande (où il fait 30°) en emportant évidemment son maillot de bain. Allez essayer d’avoir l’air d’une éducatrice digne de ce nom après ça. Bref, je grogne contre mon mari qui se réchauffe sous les tropiques pendant que je grelotte à Shanghai, j’alimente compulsivement mes tissus adipeux et ça ne peut pas durer. Alors c’est décidé, moi aussi je pars sous les tropiques et je vous emmène avec moi : en route pour Angkor Thom !

 

Nous disions donc Angkor. Evidemment, presque tout le monde connait – au moins en photo – ce site archéologique majeur, s’étendant sur quelques 400 km², inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. On connait moins la brièveté de l’histoire de cette capitale de l’empire Khmer (6 siècles, de 802 à 1432) ou son gigantisme : elle comptait un million d’habitants quand Londres en regroupait péniblement 50 000. Autant dire que c’était LA mégapole mondiale de l’époque. Si aujourd’hui n’en subsistent que les temples, il faut tenter d’imaginer qu’ils étaient alors le centre d’une vie grouillante et d’habitations à perte de vue. D’autant qu’avec simplement ce qu’il reste, on peut passer des jours et des jours et des jours à visiter des vieilles pierres, toutes plus merveilleuses les unes que les autres. Il y en a même qui passent leur vie à les étudier et ne repartent jamais, c’est dire. Mais comme je ne peux pas vous refaire le film exact de nos six jours éblouissants sur place, je vais tenter de regrouper mes souvenirs et mes photos de manière (vaguement) logique.

Je commence donc par la fin (vaguement logique, j’avais prévenu) : la période Angkor Thom, du nom de la cité construite par le roi Javayarman VII, dernier roi khmer a avoir régné à Angkor avant l’abandon définitif de la cité. Dernier roi de la période, et en rupture religieuse avec l’hindouisme prévalant avant lui, puisqu’il avait adopté le bouddhisme mahayaniste (dit du Grand Véhicule) et s’est mis sous la protection d’Avalokiteshvara, bouddha de la compassion. Notez qu’après lui, le bouddhisme mahayaniste retombe aux oubliettes, resupplanté un temps par l’hindouisme avant d’être définitivement détrôné par le bouddhisme Theravada (dit du Petit Véhicule) qui est aujourd’hui largement implanté dans les pays de la région. Vous me direz que tout cela est bien compliqué, mais pas du tout : cela explique que dans les temples d’Angkor Thom on trouve essentiellement des bouddhas (et qu’on voit passer nombre de moines en robe safran) quand on trouve des représentations hindouistes (Bhrama, Vishnu et autres lingas) dans les temples des époques précédentes. Facile non ?

La cité d’Angkor Thom

Contrairement à beaucoup d’autres temples où on peine à imaginer une ville autour, Ankor Thom a conservé son âme de ville fortifiée : bâtie sur un plan carré, cernée de douves et accessible via de grandes et étroites portes en pierre surmontées de têtes géantes aux sourires énigmatiques, disposées aux quatre points cardinaux, elle est plus proche de nos villes médiévales (la jungle mise à part) que les autres vestiges angkoriens. Il ne reste plus trace aujourd’hui des habitations, construites en bois et autres matériaux peu durables, mais les constructions en pierre – dont les temples – demeurent. Et quels temples : le Bayon avec sa collection d’immenses visages souriants, tellement emblématiques d’Angkor, le Baphuon et son temple-montagne, la terrasse des éléphants, la terrasse du roi lépreux, et plusieurs temples majeurs construits à l’extérieur de l’enceinte pendant la même période : Ta Phrom et Preah Khan notamment. Pour l’heure, je vous livre uniquement les photos de l’intérieur de la cité, les temples extérieurs attendront un prochain billet :

 

Je m’arrête là pour ne pas vous submerger tout de suite de descriptions historiques et de photos, mais pour ceux que le site et l’histoire d’Angkor intéressent vraiment n’hésitez pas à vous procurer le Guide des Temples d’Angkor, de Michel Petrochenko : une vraie mine d’informations claires et précises (les différences hindouisme/bouddhisme n’auront plus de secret pour vous), avec de magnifiques (vraiment magnifiques) photos de presque tous les temples, des conseils pour organiser vos visites sur les sites, et pour chaque temple un plan détaillé et commenté des points d’intérêts particuliers. Notre guide nous l’avait prêté pour la semaine, je regretterais presque de lui avoir rendu…

 

GrandBondMilieu_Angkor_Thom_Bayon

11 Comments

  1. Impressionné par l’état de conservation et le gigantisme du site, j’attends la suite avec impatience…Et nos prochaines retrouvailles pour visionner les trésors photographiques que vous avez rapporté de la bas, dont cette petite sélection a aiguisé notre curiosité.

  2. Trop la chance!!! Angkor fait partie de ces lieux qui me font fantasmer (avec la baie d’Along entre-autres) et que je ne connais qu’en images.
    Merci pour ces belles photos!
    ps: je te rejoins côté noix de cajou…

  3. Superbe…
    Nous avons suivi récemment un documentaire passionnant sur Angkor, il y avait des simulations montrant le gigantisme de cette ville à l’époque et surtout, ce qui a permis bien sûr son implantation, les gigantesques bassins qu’ils avaient construits pour retenir l’eau… on ne voyait pas par contre les magnifiques sculptures que tu nous fais partager..
    Moi aussi j’attends la suite d’autant plus que je suis sûre de ne jamais y aller.
    Par contre j’aime bien aussi les noix de cajou et je ne m’en prive pas. Coco Chanel, elle, n’en prenait qu’une seule et unique pour tout repas, enfin c’est ce qu’on dit mais il est vrai que nous n’avons pas la même taille !
    Bisous.

    • Oui, nous avons aussi vu ce reportage (diffusé juste après notre retour et visionné par la grâce des nouvelles technologies), ça complétait parfaitement notre séjour.
      Bises !

  4. Bon je ne vais pas me plaindre mais juste retablir une realité… Il etait supposé faire 30 degrés a Bangkok, mais ici aussi il semble que la température ai chuté de façon inhabituelle cette semaine et le thermomètre affiche un petit 16-20 degré max le soir et péniblement 22 la journée… Pas possible donc de se baigner et il faut se couvrir pour ne pas attraper froid! Bien entendu ce n’est pas 0 degré (ou moins) comme a Shanghai… mais je voulais juste faire part de la baisse « inhabituelle et historique » des températures ici aussi car les Thais n’ont semble-t-il pas vu ça depuis plus de 25 ans…. 20 degrés en plein moi de Janvier c’est inadmissible!!!

  5. J’adore les vieilles pierres alors tu ne pouvais pas me faire plus de plaisir ! Il ne m’est jamais arrivé de passer 6 jours sur un site (même pas sur les sites archéologiques du Sri Lanka), je peux me faire une idée du gigantisme du site alors ! Merci pour la balade, pour les belles photos qui me transportent, pour ces sourires de pierre et pour l’enthousiasme de tes chroniques. J’attends la suite.

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