Fête des bateaux-dragons à Shanghai

Le week-end dernier nous avions un week-end presque prolongé. Presque parce que si le jeudi était férié pour tous, notre famille s’est partagée 50/50 entre ceux qui travaillaient ou avaient école le vendredi et ceux qui faisaient le pont. Qu’importe, nous avons profité du jeudi et d’une miraculeuse absence de pluie pour nous glisser sur les bords de la Suzhou Creek, petit affluent du Huang Pu pour aller voir les traditionnelles courses de bateaux-dragon qui ont lieu à l’occasion de cette fête justement nommée des bateaux-dragons (duanwu jie). Courses sur l’eau traditionnelles mais encore inédites pour nous puisque nous avons fait je ne sais quoi d’autre de moins intéressant l’année dernière. Voici une erreur réparée, et une expérience qui a plu autant aux petits qu’aux grands.

Alors qui dit courses sur l’eau pourrait dire fantasme d’environnement bucolique, à grands coups d’évocations d’imagerie cambridgo-oxfordienne et d’esquifs filant avec grâce et presque silencieusement sur les eaux. Etant restés à Shanghai au lieu de nous aventurer jusqu’au lac de Suzhou, nous avons dû faire avec l’environnement local, aussi urbain que phénoménalement laid. On a beau vivre à Shanghai depuis deux ans, parfois nous sommes encore pris au dépourvu par la hideur de certaines constructions. Voilà qui était une excellente occasion de concentrer nos regards exclusivement sur ces bateaux, dont les têtes et queues de dragon sont autrement plus divertissants qu’un triste esquif d’aviron. Avec cette particularité délicieuse que chaque embarcation dispose à sa proue d’un gros tambour et d’un garde-chiourme tapant dessus en rythme pour faire ramer ses galériens en rythme.

Alors autant vous dire que ce bruit de tambour est ce qui m’a le plus ravie dans ces courses. C’est que vu ma date de naissance antédiluvienne, je suis de cette génération qui a vu et revu Ben Hur en long en large et en travers, et qui s’est donc émue – voire chastement émoustillée – devant un Charlton Heston tout juste couvert d’un pagne et faisant rouler ses muscles aux galères au rythme des cadences d’attaque et d’éperonnage. Qui n’a jamais noté l’intensité du regard de braise qu’il jette au romain qui dirige la manœuvre ne sait rien du regard sexy qui tue. Et depuis la fête des bateaux-dragons je sais donc que la simple association tambour+bateau suffit à me faire remonter ces souvenirs et à me donner envie de crier « souquez ! » à des hordes de beaux garçons en pagne. Mais je m’égare.

Il n’y avait ce jour-là aucun romain à l’horizon, mais tous les équipages n’étaient pas composés que de chinois, loin de là. De nombreux étrangers composent des équipages, mon coup de cœur personnel allant à l’équipage viking doté d’une walkyrie cornue au tambour. L’histoire ne dit pas si les vikings ont vaincu les locaux puisque nous étions proches de la ligne de départ sans visibilité sur l’arrivée, mais l’essentiel est de participer et d’assister à ces courses dont l’intensité physique n’a rien à envier au côté folklorique. Bref, une chose est sûre : on reviendra l’année prochaine. Boum. Boum. Boum.

Et pour vous prouver que c’est physiquement intense, voyez un peu à quoi ça ressemble en live, pour un peu on aurait envie de crier avec la foule :

 

Où voir les courses à Shanghai : durant les deux jours du Dragon Boat Festival sur la Suzhou Creek, entre les ponts de la Jiangning Lu (départ des courses) et de la Changhua Lu (Métros Changshou Lu (L7) ou Zhongtan Lu (L4)). Horaires 2016 : de 14h à 16h le jour du Dragon Boat même, de 9h à 16h le lendemain.

 

18 Comments

    • Je crois que c’est une tradition plutôt du sud de la Chine (Shanghai et Suzhou étant plutôt le nord du sud de la Chine), les courses de Hong Kong sont particulièrement prisées et spectaculaires…

  1. ahahah ma mere est une mega fan de Ben Hur et particulierement du passage des galeres. Enfin non, course de char avant les galeres quand meme. Elle aurait adoré voir les dragons boat et moi je regrette bien d’avoir ratè ca! l’an prochain 🙂

    • Je vais faire mine de pas remarquer que tu m’as subrepticement comparée à ta mère (jeune insolente !), et vais sobrement commenter sur Ben Hur : la course de char c’est pas mal, mais ça manque quand même légèrement d’hommes en pagne non ? 😉

      • lol, c’est pas de ma faute si t’as les mêmes goûts que ma petite maman. Course de char, galères… Je n’ai pas d’avis sur la question. Dans le genre hommes à moitié à poil, je préfère mater 300. ^^

    • Le tambour, c’est ça le secret. Avec visiblement un peu d’entraînement parce qu’on a vu des équipages pas très au point qui ne coordonnaient pas grand chose 🙂

  2. Et 22 par embarcation (plus le tambour) ! Heureusement que le fleuve était calme. Impressionnant. Je craignais que le son des tambours ne fasse une cacophonie qui perturbe chaque équipage mais non apparemment chacun repère bien le sien. Trop forts ces asiates!

    • Il y a des embarcations à 10 ou 20 rameurs, et c’est effectivement impressionnant. Quant au tambour, j’imagine que du bateau on doit particulièrement bien entendre le sien, mais t’as raison, ils sont forts ces asiat’ 🙂

  3. Et bien ! On s’y croirait 🙂
    Comment fait cette embarcation filiforme pour ne pas se renverser ?
    Ne sachant pas nager, j’en frémit …
    Merci de nous avoir fait partager !

    • Une fois que ça flotte, ça doit être comme n’importe quelle pirogue, mais le moment délicat doit évidemment être l’embarquement 😉

  4. J’ai adore ton passage sur Ben Hur qui m’a rappele bien des souvenirs (je dois etre antedilluvienne aussi)… Et quelle chance d’avoir vu les courses de bateaux-dragon… dire qu’en sept ans a Shanghai je n’ai jamais su qu’il y en avait sur la Suzhou Creek!…

    • Oh ben oui, quel dommage d’avoir raté ça ! Notez que l’année dernière je ne le savais pas non plus, et comme nous avions renoncé à aller à Suzhou par crainte de la foule, nous n’avions rien fait de folichon. Au moins comme ça l’info passe pour les prochains 😉

  5. Quelle chance d’avoir l’eau si près! Et ses événements débordants d’adrénaline! Ceci-dit, à Nairobi, avec les pluies qui n’ont jamais vraiment cessé et les caniveaux qui déversent des rivières de boue sur les routes, je pourrais presque tenter la glissade 😉

    • Bon, le fleuve Huangpu et son affluent traversent la ville, c’est un fait, mais ce n’est pas non plus bucolique bucolique (il faut voir la saleté de l’eau pour le croire, mais bon, that’s China 🙂 )

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