Vous allez manger du chien !?

Lors de nos ballades à pied dans Paris nous nous demandons souvent où grignoter un petit quelque chose pour apaiser nos estomacs et reposer nos pieds. Et tout aussi régulièrement, MMM me propose un chinois. Il faut dire que la cuisine chinoise, il aime ça, et qu’en habitant pas très loin du China Town parisien on n’a que l’embarras du choix. Et moi, qu’est-ce que je fais ? Et bien je dis toujours non parce que franchement, le chinois c’est de toutes les cuisines du monde celle qui me tente le moins.

Proposez moi du thaï, du cambodgien, du vietnamien, de l’indien, du coréen, du japonais, du mexicain, du libanais, de l’italien, du marocain, du breton (ben quoi, des crêpes c’est du breton non ?) et même un bon kebab, je dis oui avec plaisir, mais du chinois franchement bof bof bof. Et c’est en Chine qu’on part s’installer, pas de bol (de riz…).

Avec cette histoire de Shanghaï, c’est MMM qui va être content que je n’ai plus aucune excuse pour ne pas manger chinois. Alors à ma décharge, trouver un BON chinois à Paris ce n’est pas si simple. Vous avez remarqué, ce qu’on rencontre à tous les coins de rue ce sont des espèces de traiteurs sino-vietnamien-asiatico-fourre-tout qui vous proposent partout les mêmes plats de basse qualité et pleins d’additifs fabriqués dans des salles de bain borgnes par des immigrés illégaux exploités par les mafias locales. Pas très excitant hein ? Et les vrais restaurants chinois où ils savent cuisiner, il faut les chercher un peu et vu que je ne cherche pas puisque j’aime pas vraiment le chinois, et bien j’en trouve pas. CQFD.

Mais je suis bonne joueuse et je prends ici solennellement l’engagement de goûter vraiment à la cuisine chinoise, et je suis même disposée à goûter des trucs improbables. J’ai d’ailleurs commencé lors de notre mini-saut shanghaïen, et vous n’allez pas le croire : j’ai trouvé ça bon. Non, non, vraiment bon, je vous jure. Alors au menu, notre guide Nicholas (un chinois, qui s’appelle Nicholas, je vous ferai une autre fois un article sur les prénoms anglais des chinois) nous avait fait une petite sélection variée de viandes, légumes et soupes. J’ai goûté les trucs faciles (boeuf, soupe à la viande, légumes) puis je me suis lancée dans un niveau supérieur. D’abord les pattes de dinde (oui, les pattes, les machins plein de doigts et de griffes sur lesquels les gallinacées se déplacent). Peu soutenue par MMM qui me disait qu’il trouvait ça mauvais et gélatineux (venant de quelqu’un qui est censé aimer la cuisine chinoise, vous parlez d’un encouragement), je me suis quand même lancée et j’ai eu raison : selon moi ça a un goût incroyablement proche du confit de canard. En un peu moins facile à manger tout de même (je ne maîtrise pas encore la technique chinoise de tout fourrer dans la bouche et de ressortir en 10 secondes les os tout propres). J’ai aussi goûté une jelly fish soup (soupe de méduse), qui finalement s’est avérée n’être qu’une soupe de champignons, mais tellement proches en aspect et consistance de la méduse que j’ai un doute… Gustativement moins intéressante que les pattes mais j’ai survécu sans problème.

Alors de ce premier resto chinois en Chine, deux choses sont ressorties. La première : dans la cuisine française, le seul animal où tout est bon, c’est le cochon. On peut le manger des pieds aux oreilles en passant par le museau, même si personnellement je m’en tiens plutôt aux parties nobles, genre le jambon ou le filet mignon. Et la deuxième : dans la cuisine chinoise, tout animal est potentiellement un cochon et peut donc être mangé des pieds à la tête. VRAIMENT jusqu’à la tête, exemple : une tête de canard coupée en deux, réservée aux invités de choix (pourvu que je ne sois jamais une invitée de choix où je ne réponds plus du contrôle de mon estomac). Et par tout animal on entend n’importe quel animal puisque les chinois mangent de tout : du boeuf, du canard, du poulet, du poisson, de la dinde, du cochon mais aussi du serpent, des grenouilles, du chien, du chat, du ragondin, des insectes et tutti quanti. Bref, tout ce qui présente des protéines mangeables est mangeable (ce qui d’un certain point de vue se défend, admettez-le).

Alors j’ai déjà un certain nombre de collègues qui se sont exclamés avec des mines mi-rieuses mi-dégoûtées : « En Chine ! Mais tu vas manger du chien alors ! ». C’est tout à fait possible, surtout dans les premiers temps où j’en serai réduite à essayer de deviner ce qu’on m’aura servi… Et en même temps, dans la mesure où ils ne kidnappent pas le bichon de ma bonne voisine Mme Michu pour le passer au barbecue et la faire pleurer, j’avoue ne pas voir en quoi tuer un chien pour le manger serait intrinsèquement plus atroce que tuer un lapin dans le même but. Et je vous parie une brochette de grillons que nombre de gens qui prennent l’air dégoûté à l’idée de manger du chien se pourlèchent les babines devant une andouillette, autrement dit devant un agglomérat de bouts de boyaux de porc à l’odeur douteuse (puisqu’on vous dit que tout est « bon » dans le cochon).

Alors oui, la question des conditions « d’élevage » et d’abattage des chiens (et des chats) se posent, mais en ce cas autant poser aussi celle des canards ou des oies qui risquent de ne pas être très bonnes non plus en Chine. Donc tout bien réfléchi, la seule option valable pour être sûr qu’un animal n’a pas souffert avant d’arriver dans mon assiette c’est de devenir végétarienne. Et là il va falloir que je réfléchisse un peu…

Mais laissons pour l’instant cette épineuse question d’éthique alimentaire et offrons nous une petite anecdote en guise de trou normand (merci Nicholas). Dans la province du Guandong, où toujours d’après Nicholas ils mangent vraiment n’importe quoi, au point que l’épidémie de SRAS serait partie de chez eux (légende urbaine, jalousie inter-province ou élément avéré ?), ils auraient une spécialité fameuse nommée « les trois cris ». Préparée devant les convives, elle consisterait à attraper une souris vivante avec des baguettes (premier cri), la tremper dans un condiment idoine (deuxième cri) avant de la poser sur un brasero (troisième et dernier cri). Si jamais on s’organise une visite dans le Guandong, je compte sur vous pour me rappeler de ne manger que des légumes.

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Et pour conclure le repas en beauté, passons au dessert. J’ai donc tenté le lendemain dans un autre restaurant ce que je croyais être une boule de glace à la betterave (ou aux haricots rouges, ce n’était pas clair) et qui me paraissait tentable (à droite sur la photo). Il s’est avéré qu’il s’agissait en réalité d’une boule de pâte crémeuse (ou de crème pâteuse) au… choux rouge. Et ça franchement, ce n’est pas bon du tout. Les petites perles de pâte de riz de MMM étaient nettement meilleures (il a toujours eu plus de chance que moi au Loto). Au moins maintenant je sais que la crème de chou rouge et son arrière-goût de wasabi ne convient absolument pas au dessert (mais peut-être à l’accompagnement d’un sushi ?).

Heureusement pour arroser tout ça il y a du thé, du thé, du thé ! Mais ça ça vaudra un billet à soi tout seul…

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1 Comments

  1. On m’avait dit, du temps où j’y allais, qu’il t a un dicton chinois qui affirme que « tout est comestible, c’est une question de préparation »
    Moi j’ai pas pu goûter les brochettes d’hippocampe. Vraiment pas. Mais tu me raconteras, hein, dis, dis, hein, dis ?
    Bon appétit !
    Marie

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