Il semble que j’ai une sensibilité particulière à mon actualité personnelle, et ce quelle que soit la période. Par exemple quand j’étais enceinte je voyais des femmes enceintes partout, et puis fort heureusement c’est passé. Après je voyais juste des bébés partout ce qui était évidemment beaucoup moins grave. Et maintenant que je prépare mon départ pour la Chine je vois des chinois partout. Ce qui fait de moi quelqu’un de pas du tout versatile et monomaniaque comme vous le voyez.
Donc je vois des chinois partout. Pas plus tard qu’hier, nous nous promenions tranquillement entre Arts et Métier et République avec MMM et nos garçons et j’ai tout d’abord remarqué un magasin chinois de robes de mariées. Je dis magasin chinois parce que l’enseigne était écrite en idéogrammes (chinois) ce qui constitue un indice assez fort. Quelques dizaines de mètres plus loin c’était une agence immobilière chinoise, avec annonces bilingues français-chinois en vitrine, puis un second magasin chinois de robe de mariées (avec toute petite enseigne en français et grande enseigne en idéogrammes). Et juste derrière toute une ribambelle de magasins et restaurants chinois. Si je n’avais pas été sûre d’être rue du temple je me serai crue égarée dans le 13ème arrondissement de Paris… En poursuivant notre ballade vers le quartier du Marais, nous avons aussi pu constater que ce qui fut autrefois un quartier très dense en grossistes juifs était en train de se transformer en quartier de grossistes chinois (heureusement il y a des choses qui ne changent pas : la marchandise proposée est toujours aussi clinquante et dorée). Si mes tendances paranoïaques me faisaient croire au « péril jaune », j’aurais pu commencer à y voir la preuve d’une invasion des petits hommes verts, euh jaunes…
Fin de la promenade et arrivée à Beaubourg que Beauté Brune réclamait de visiter à corps et à cris depuis des jours (oui, notre fils de quatre ans et demi nous a fait une crise le week-end dernier parce que nous n’avions pas le temps de l’emmener au Musée d’Art Contemporain et qu’il voulait absolument aller voir les « trucs bizarres » qu’il y avait dedans). Donc arrivée à Beaubourg, achat des billets, direction la galerie du 6ème étage pour profiter de la vue géniale sur Paris, puis la galerie des enfants puisque les collections permanentes sont fermées pour réaccrochage des oeuvres (deux fois 13€ de billets pour juste visiter la galerie des enfants, ils sont un peu gonflés à Beaubourg… les caisses de l’Etat sont vides mais tout de même…).
Ensuite direction le niveau -1 où nous avions entraperçu de loin une expo photo (il fallait bien rentabiliser le prix des billets).
Et je vous le donne dans le mille : l’expo photo était celle d’un certain Wang Bing, photographe et cinéaste chinois. C’est tout de même pas moi : ils sont vraiment partout ! Bon, en dehors des idéogrammes des panneaux explicatifs, l’expo de Wang Bing ressemble un peu à toutes les expos photo qui marchent en ce moment : des images tristes (en noir et blanc ici), sur des sujets glauques (ossements abandonnés dans le désert de Gobi, un homme sans nom qui vit du ramassage des ordures, un père qui vit avec ses trois fils dans 9 m², que des sujets qui donnent envie de mordre la vie à pleine dents). A croire qu’en Chine aussi photographie contemporaine rime avec vision du monde profondément dépressive et déprimante. C’était bien la peine d’inventer des procédés de photographie couleur pour avoir cette vision noir et blanc de la vie (enfin moi je dis ça, je ne suis pas photographe hein, c’est sûrement pour ça que je n’y comprends rien…).
Après tout ça les enfants étaient claqués, on est rentrés à la maison, et hop petit mail de notre mairie d’arrondissement (le 13ème donc) nous informant de la tenue dans plusieurs cinémas parisiens du 4ème festival du cinéma chinois en France. Cette fois vous ne pourrez pas dire que c’est une interprétation excessive de ma part : les chinois sont VRAIMENT partout !