Première coupe de cheveux en Chine

On a beau étirer le temps au maximum, vient un moment où une coupe courte qui repousse depuis des semaines doit passer sous le ciseau.

J’avais eu soin de me faire couper les cheveux assez court chez mon super coiffeur à Paris juste avant notre départ. Vous avez peut-être la chance de connaître ce genre de coiffeur : celui qui sait exactement comment couper vos cheveux, comment vous les aimez et dans mon cas où les désépaissir exactement pour que vous soyez belle non seulement en sortant du salon mais aussi après un, dix ou même vingt shampoings. J’ai repoussé ce moment autant que possible mais les queues de rats qui rebiquaient dans ma nuque malgré les brushings répétés ont sonné le gong du moment d’angoisse : il fallait que je trouve un coiffeur en Chine. Que je le trouve et que j’accepte de lui confier ma tête. Moi qui ai toujours eu un mal fou à faire confiance à un coiffeur (parfois avec raison), moi dont la seule coquetterie féminine consiste à avoir une coupe de cheveux impeccable. Je me moque éperdument de ne pas être maquillée, voire d’avoir l’air un peu fatiguée, et même d’être attifée certains jours un peu au petit bonheur, mais être mal coiffée me rend intérieurement hystérique. Avec une mention spéciale pour les cheveux qui rebiquent dans tous les sens au dessus des oreilles et qui réveillent mes tendances parano, version tout le monde me regarde et se dit « ouh la la, mais comment peut elle sortir dehors en étant aussi mal coiffée celle-là ».

Des semaines donc que je voyais mes cheveux pousser et ma coupe devenir de plus en plus floue. Des semaines que je m’imaginais chez un coiffeur chinois psychopathe du ciseau, me tailladant les cheveux à 2 cm du crâne en faisant mine de ne pas avoir compris que je voulais en couper 2 cm seulement. Des semaines que je scrutais les coupes étranges des petits garçons chinois (genre rasé partout sauf un disque sur le sommet du crâne ou un motif Mickey à l’arrière de la tête) en me disant « oh mon dieu, c’est ça qu’on apprend aux apprentis coiffeurs en Chine ». Bref, j’avais la psychose du ciseau et c’était pas beau à voir.

Il y a quelques jours, le trop plein des queues de rats à finalement produit son effet : le ras-le-bol a dépassé mon angoisse et je me suis ruée chez un coiffeur un peu sur un coup de tête. Enfin quand je dis « ruée » et « sur un coup de tête », j’avais tout de même pris quelques conseils auprès des françaises de ma résidence auparavant, on n’est jamais trop prudent. J’ai finalement jeté mon dévolu sur Amani Coiffure. Et dans Amani il y a presque Armani, leurs salons ressemblent à ce qu’on trouve en Europe et une des dames de l’accueil parlait suffisamment anglais pour comprendre que je voulais la même coupe en juste 2 cm plus court. Et ensuite à Dieu va, je me suis laissée faire. Et ça a donné ça :

1. On m’a passé un peignoir de coiffeur et demandé de patienter sur un fauteuil. Jusqu’ici c’est bon, je maîtrise.

2. La dame de l’accueil est venue me présenter une sorte de menu avec quatre prix différents en me demandant de choisir ce que je voulais. J’ai répété que je voulais un shampoing-coupe-coiffure. « Oui, oui, tout ça c’est pour les shampoings-coupe-coiffure ». « Mais il n’y a pas de différence ? » « Il faut que vous choississiez un prix s’il vous plait ». « Ah bon, ah bon », et bien puisque je suis angoissée je vais prendre le plus cher des quatre en espérant que ça veut dire qu’ils vont m’attribuer le coiffeur super-senior du salon. Ah non, le prix le plus cher je ne peux pas le choisir, ils ne doivent pas avoir de coiffeur super-senior. Bon ben je prends le deuxième plus cher alors, ce sera peut-être quand même le coiffeur senior. La dame est repartie satisfaite et soulagée que j’ai choisi une coupe à 180 kuais (soit un peu moins de 24 €).

2. Direction le bac à shampoing, jusque là tout va bien. Fauteuil confortable où on est presque totalement allongé, avec une sorte de repose tête dans le bac qui évite l’hyperextension des cervicales. Premier shampoing, rinçage, deuxième shampoing, rinçage, jusque là tout va bien.

3. Massage du cuir chevelu, version chinoise c’est à dire assez tonique. 10 mn plus tard, les méridiens d’acuponcture de mon crâne dûment frottés, acupressés et re-frottés j’avais l’impression qu’une toute nouvelle circulation sanguine fourmillait sous mon crâne. J’ai dû gagner quelques points de QI avec tout ça.

4. Direction le fauteuil du coiffeur. Il a une bonne tête, je suis confiante. Il m’installe une sorte de col en papier extensible autour du cou, puis me passe une seconde blouse (par dessus la première) et replie consciencieusement le col en papier sur la seconde blouse. Plus un cheveux ne peux passer dans mon col pour se coller sur mes vêtements.

5. Il sort les ciseaux, je reste zen mais attentive. Il me redemande par signe quelle longueur je veux qu’il coupe et hourra, il ne coupe pas la première mèche à la racine. Il semble même y aller très prudemment pour ne pas trop en couper. Du coup ça risque d’être un peut trop long mais aucune importance : ce n’est pas un psychopathe du ciseau !

6. Il commence à désépaissir mon paquet de cheveux aux ciseaux, il SAIT couper les cheveux, ouais ouais ouaaaaaaaais !

7. Il termine et s’éclipse, et un autre garçon coiffeur vient me taper sur le bras. Ah, il faut que je repasse au bac à shampoing, bon et bien allons-y. Troisième shampoing : mes cheveux sont propres, est-il vraiment nécessaire que vous me frottiez à nouveau le cuir chevelu comme si je sortais d’une décharge publique ? Oui ? Bon, ben alors d’accord.

8. Retour dans le fauteuil, séchage et « brushing ». Bon, le brushing c’est pas sa meilleure partie mais à sa décharge les cheveux asiatiques sont bien moins souples que les miens et ne décident pas de partir dans tous les sens si on ne les dompte pas mèche après mèche.

9. Une fois secs évidemment il faut retailler un peu : de la longueur dans la nuque, de l’épaisseur au dessus des oreilles et hop au bout d’une heure coupe terminée et je suis BIEN COIFFEE. C’est pas aussi parfait qu’à Paris mais vu que notre communication s’est essentiellement limitée au mime c’est vraiment pas mal. C’est même très bien.

10. Je paye et m’apprête à partir quand mon coiffeur me court après pour me donner sa carte de visite. J’ai donc maintenant son nom, enfin sa carte en chinois.

Une semaine et plusieurs shampoings plus tard ma nouvelle coupe tient toujours la route . J’adopte donc définitivement Amani et mon coiffeur au nom inconnu pour les trois ans qui viennent.

Et je ne peux pas terminer ce billet sans le dédicacer à mon amie Wonder Sage-Femme, ma soeur de phobie du coiffeur-fou. Avoue, tu l’aurais jamais tenté ça hein ?

 

Credit photo : Chinese Institute

china-hair-cut

 

8 Comments

  1. Je precise que ce n’est pas moi en photo… Cette coupe ne me tentait pas des masses… Pourquoi, me direz-vous? Et bien simplement: parce que…

  2. MMM a raison : il faut rester prudent !
    Connaissant l’importance de ta coupe de cheveux, je suis plus que ravie que tu aies pu trouver un BON coiffeur du premier coup ! La vie va sembler plus simple ….
    A quand la coupe pour les garçons ?????

    • C’est bien simple : je ne vais pas chez le dentiste, et puis c’est tout !
      Il n’y a que pour une urgence ultra-urgente je consentirai à me rendre chez un des dentistes étrangers (et bilingues en anglais) pratiquant ici dans les cliniques internationales… 😉

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