Progresser en mandarin malgré Terminator

Bonne nouvelle ! Après des mois de labeur j’ai finalement réussi à terminer le niveau 1 de mon cours de conversation chinoise. Et en utilisant les dernières séances à faire quelques révisions je me suis rendue compte que j’avais réussi à en apprendre plus que ce que je pensais, ce qui est un motif de profonde satisfaction. Et surtout, surtout, j’ai dit au revoir à Borg qui m’a fait suer sang et eau avec ses techniques pédagogiques toutes personnelles. Dans l’enthousiasme de ces révisions et des adieux, j’ai même re-signé pour démarrer le niveau 2 dans la foulée. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud me suis-je dit, même sans savoir ce que j’allais tirer à la loterie des profs de mandarin. Je sais bien que je n’ai jamais eu de chance de chance au jeu, mais il me semblait peu probable de tomber beaucoup plus bas qu’avec Borg.

Donc lundi matin je suis partie pour mon premier cours de niveau 2, avec une pointe d’angoisse de rentrée au ventre, et là surprise : mon nouveau prof, c’est Borg. Quand je vous disais que je n’ai pas de chance au jeu. Et les cours en groupe ça vous dope un Terminator, vous n’avez pas idée : en une heure trente il s’est dépêché de nous écrire au tableau la totalité des cinquante nouveaux mots de vocabulaire de la leçon du jour. On a même débordé un peu sur l’horaire pour finir vite, vite, vite : mieux vaut s’en débarrasser tout de suite hein, comme ça on pourra « réviser » à la prochaine séance entre deux points de grammaire. J’ai hâte. Je vous livre mon petit moment préféré de cette première séance en groupe : celui où Mandarin Terminator nous a demandé chacun notre tour de lui désigner dans la salle un objet de la couleur qu’il était en train de nous nommer, en anglais. Borg essaye de vérifier si je connais mes couleurs, c’est sans doute une nouvelle technique pédagogique chinoise. Quant à savoir si j’arrive à les mémoriser en mandarin, ça, il va de soi que je n’ai qu’à me débrouiller de mon côté (stupide laowai paresseuse !).

Bon, après une journée à ruminer ma colère et ma déception cette fois j’ai décidé de me défendre, et faute de fusil à pompe j’ai utilisé la seule arme qui me paraissait à ma portée : j’ai cafté à la directrice et j’ai demandé à changer de prof. Quitte à être traitée en gamine, je régresse, je cafte. Ce n’est pas très glorieux mais je ne vais quand même pas me laisser dévorer le foie par un Terminator, même de deuxième génération, surtout quand le dévoreur de foie est payé sur mes deniers.

Pour le mandarin, je m’accroche pour ne pas encore rendre les armes même si mon enthousiasme de la semaine dernière est retombé comme un soufflé, voire s’aventure dans les abysses du découragement. Il me semble que mon rapport au mandarin est en passe de tourner maniaco-dépressif, ce n’est pas bon signe. Quand je pense qu’avant de savoir que Borg était mon nouveau prof j’ai été tentée de m’inscrire au test HSK (seul test officiel attestant de son niveau de mandarin, équivalent du TOEFL pour l’anglais)… Bon, j’attends d’avoir digéré mon début de semaine avant de me poser à nouveau la question du test de chinois. En cas de réussite cela rajouterait un diplôme à la longue liste de ceux que j’ai déjà – restes d’une petite collectionnite diplomans mal guérie – et à l’instant t je suis preneuse de tout ce qui pourrait regonfler mon envie de m’escrimer avec les comparses mécaniques et impitoyables de Borg…

Aller, on inspire, on expire à fond et on se concentre sur les petites recettes qui m’aident à apprendre le chinois avant de me laisser totalement submerger par l’envie de tout plaquer. Alors 1, 2, 3, on s’accroche :

  1. Je fais des petites fiches, des petites fiches, toujours des petites fiches. Ça m’aide à réorganiser le vocabulaire dans un ordre qui me correspond, et à le retrouver facilement quand je bute sur un mot. Et je les emmène avec moi en promenade pour pratiquer en situation à l’extérieur, comme ça je révise juste avant de me lancer dans une phrase et hop, je mémorise dix fois mieux qu’assise à mon bureau grâce au plaisir d’avoir réussi à me faire comprendre. Des petites fiches, des petites fiches, toujours des petites fiches…
  2. Je lis à haute voix les dialogues de ma méthode de chinois, et j’essaie de construire des phrases avec les nouveaux mots de vocabulaire, parce que rien que l’idée de m’atteler au par coeur d’une liste de mots me fait monter des plaques d’urticaire (et qu’en plus je n’y arrive pas, ce qui double mon urticaire),
  3. J’essaye de lire les dialogues en caractères directement, ça m’aide à ne pas oublier ceux que j’ai déjà appris et même à en apprendre d’autres. C’est comme un jeu, et après un cours avec T2 j’ai vraiment besoin d’un peu de ludique.
  4. Je fais des lignes d’écriture, ça me calme et j’adore écrire les caractères, il y avait une calligraphe qui sommeillait en moi… Ça ne m’aide pas réellement à progresser en conversation mais c’est ce qui m’intéresse le plus dans l’apprentissage du chinois donc je me raccroche à ce qui m’y donne du plaisir…
  5. Je me rappelle qu’à la fin ce ne sont jamais les Terminator qui gagnent mais toujours Tara Connor.

Bon, ça va déjà un peu mieux, je suis regonflée pour mon cours de demain : à nous deux Borg !

 

 

GrandBondMilieu_Terminator2

7 Comments

  1. Ah mais je crois dur comme fer que vous allez faire comme Beauté Brune avec l’anglais et qu’un beau matin vous vous réveillerez mandarine. Bing bang borg, vous avez eu raison de cafter. Non mais, on n’a pas le droit de dégoûter de vaillants étrangers dans l’apprentissage de la langue de son pays. C’est de la contre-publicité !
    Et si dans votre prochain billet, vous nous mettiez la photo d’un petit mot sympa en mandarin calligraphié de votre main ?

    • J’apprécie beaucoup votre foi en mes capacités linguistiques mais je vous rappelle que je n’ai pas comme lui la capacité à créer des tas de nouveaux neurones pour m’aider dans ma tâche. Je crains donc bien de ne jamais me réveiller mandarine, quoi que cela me plairait beaucoup.
      Pour la calligraphie je retiens l’idée, je suis curieuse de voir ce que ça pourrait donner…

  2. Bon, là je comprends mieux et je partage ton goût pour la calligraphie alors que l’apprentissage du mandarin me serait plus que pénible, j’aurais déjà craqué à ta place. Non, mais les enseignants sont très importants dans l’apprentissage d’une langue, bjorg semble l’ignorer.
    Je suis d’accord moi aussi pour voir quelques jolis motifs de calligraphie… réalisés de ta main gauche (si ma mémoire est bonne?).

  3. Ce Borg je ne le sentais pas dès le début ! Un apprentissage ne doit pas être une punition ni une torture ni une crainte. Si c’esy le cC’est la méthode qui est mauvaise ou inappropriée

  4. Je n’ai pas terminé mon message : mauvaise manip !!! Je disais : » si c’est le cas, c’est la méthode etc…
    Tu as bien fait de signaler la difficulté que posait ce prof ! C’est incroyable ce manque de chance de tomber sur le même enseignant!!!
    Tu vas y arriver ! mais pas besoin de rythme infernal … Le côté artistique et graphique de la langue est à creuser.

    • Bon, après une petite mise au point suite à mon caftage, il est revenu dans de bonnes dispositions et surtout il nous a fait un vrai bon cours (ouf !). Donc il est capable, il faut juste qu’il arrive à se mettre un peu à la place de ses stagiaires et qu’il se concentre sur l’aspect pédagogique. Aller, il apprend, on va lui laisser une chance à ce petit jeune, et moi je vais peut-être réétudier l’idée de passer un HSK 😉
      Bises !

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