Pékin #4 : temples confucéens et tibétains

Vous ne pensiez tout de même pas que nous allions visiter Pékin sans payer notre tribut culturel à une (plutôt plusieurs) quelconque visite de temple ? Et vous n’avez pas sérieusement pensé que j’allais vous faire grâce des photos prises à cette occasion et de quelques digressions plus ou moins palpitantes sur le sujet ? Notez que dans ma grande magnanimité j’ai opté pour vous présenter pas moins de quatre temples en un seul billet plutôt que de vous en infliger un deuxième opus, ceux qui n’en peuvent plus de nos pérégrinations touristiques se verront ainsi partiellement épargnés. Vous apprendrez donc ici sans coup férir à différencier d’un coup d’oeil temple bouddhique et temple confucéen, découvrirez le surprenant effet amnésiant des temples pékinois, comprendrez pourquoi on trouve tant de témoignages du bouddhisme tibétain à Pékin, ou vous contenterez plus simplement de regarder quelques photos, d’ailleurs vous ferez bien comme vous voudrez.

Alors c’est parti pour un billet en deux parties, organisées en un plan follement original : 1) les temples confucéens, 2) les temples bouddhiques.

Temple du Ciel et Temple de ConfuciusIMG_8379

Le Temple du Ciel est un des incontournables de Pékin, l’une de ces images emblématiques avec notamment son pavillon de prière pour les bonnes récoltes, au plan circulaire et aux fameux trois toits superposés, dans lequel l’empereur venait intercéder auprès des puissances célestes pour que les récoltes soient bonnes et que le peuple ne meure pas de faim. Ne souriez pas, dans ce pays gigantesque où la faim a été de toute éternité la préoccupation principale, garantir les bonnes récoltes était une mission infiniment plus importante que faire la guerre. Situé au centre d’un immense jardin, le Temple du Ciel est composé en réalité de plusieurs pavillons ou constructions constituant un ensemble cohérent, dont la Voûte Céleste Impériale, le mur de l’Echo et l’exceptionnel autel du Tertre Circulaire, composé de trois terrasses concentriques de marbre blanc. Visité le jour du nouvel an chinois, quelques heures seulement après notre retour de la Grande Muraille, nous y avons été bien moins seuls que durant la matinée mais la foule n’a pas réussi à (tout à fait) nous gâcher l’éblouissement de la visite, d’autant que de nombreuses allées du parc demeuraient parfaitement paisibles et étonnamment bucoliques. Ce qui nous a fait sentir que comparée à Shanghai, Pékin est une ville verte, incroyablement verte, une destination quasi « nature » (oui, j’ose).

Et effet peu connu : le temple du Ciel est aussi un amnésiant puissant. Durant la visite, devant ces lieux pourtant archi-photographiés, MMM me disait « mais non, je t’assure, je n’ai jamais visité ce temple, je m’en souviendrais quand même » alors que j’avais moi le souvenir précis d’une photo de lui posant devant le pavillon des bonnes récoltes prise lors d’un voyage d’affaires en 2007. Il avait l’air sûr de lui, je n’ai rien dit, j’essaie parfois d’être une épouse pas trop contrariante. De retour à Shanghai et vérification faite, en 2007 il avait effectivement visité et photographié ce temple sous toutes les coutures. Ma magnanimité n’a pas été jusqu’à ne pas me moquer de mon époux, il ne faut pas trop m’en demander.

Second temple confucéen visité : le temple de Confucius cette fois, situé non loin du temple des Lamas. En y entrant on est accueillis comme il se doit par une statue de Maître Kong, puis par de tortueux cyprès pluri-centenaires dans une cour cernée de pavillons aux stèles gigantesques. Second temple de Confucius le plus grand en taille du pays, nous avons failli en rater une partie remarquable : celle DSC09751du Collège Impérial où l’empereur lui-même venait commenter les textes confucéens devant des milliers d’étudiants, de courtisans et de fonctionnaires. Les lieux sont somptueux, à commencer par le portique à trois portes orné de céramiques vernissés qui en constitue l’entrée et le pavillon central où se trouve encore un grandiose trône impérial. Les étudiants mandarins ne devaient probablement pas rire tous les jours, mais du moins étaient ils logés dans un lieu à la hauteur de leur future fonction.

 

Temple des Lamas et Dagoba du parc Bei HaiDSC09737

Il y a aussi de grands temples bouddhiques à Pékin, dont le fameux Temple des Lamas, deuxième plus grand temple du bouddhisme tibétain de Chine. Immense, très authentique avec ses salles sombres, dédiées à la prière bien plus qu’à la visite, et en cette semaine de nouvelle an bondé de fidèles venus prier et déposer des offrandes. La météo n’était malheureusement pas avec nous, ni mon appareil photo dont j’avais bêtement oublié la carte mémoire, les quelques photos que je vous livre ne rendent donc absolument pas justice au site (d’autant qu’elles sont interdites à l’intérieur des salles et que vous ne verrez donc rien de la magnificence de sa statuaire et de la profusion décorative). Si nous revenons à Pékin, j’y retournerai certainement pour le voir sous un ciel plus clément.

Dernière étape de notre périple pékinois, le Dagoba du parc Bei Hai, au nord-ouest de la CitIMG_8541é Interdite. Et ce Dagoba n’a strictement rien à voir avec Maître Yoda, autant vous le dire tout de suite. Il s’agit en réalité d’un immense stupa, construit en 1651 à l’occasion de la visite du Vème Dalaï-Lama et posé au sommet de l’île de Jade située au centre du lac Bei Hai (Mer du Nord). On y accède par le temple Yong’an et ses très nombreuses marches. D’en haut la vue sur la ville est d’autant plus belle qu’elle ne s’entrevoit qu’au travers des branches d’arbres, donnant d’autant plus envie de la découvrir. Le Dagoba a lui aussi apporté sa pierre à l’amnésie de MonMeilleurMari qui l’avait également remisé dans les méandres oublieux de son cerveau. D’où cette dernière hypothèse : peut-être est-ce un secret dessein de la Force qui a causé ces troublants trous de mémoire chez ma douce moitié. Quant à savoir le pourquoi de ce dessein, mystère…

Alors me direz-vous, pourquoi autant de traces du bouddhisme tibétain à Pékin, quand il existe un bouddhisme typiquement chinois : le bouddhisme chan, lui-même ancêtre du zen japonais ? D’abord parce que c’est via l’Himalaya et le Tibet que le bouddhisme est arrivé d’Inde pour se répandre en Chine. Ensuite parce que – et c’est là qu’on va voir ceux qui ont vraiment lu le billet sur la muraille de Chine – plusieurs dynasties n’ont pas été Han mais d’origine mongole (les Yuan, avec Koubilai Khan) et mandchoue (les Qing), ethnies pratiquant elles-même le bouddhisme tibétain. On trouve d’ailleurs dans la Cité Interdite de nombreux et remarquables objets de culte d’origine tibétaine, ce qui éclaire d’une lumière différente (et ici dénuée de polémique) le sentiment chinois intense que le Tibet appartient bien historiquement à la Chine.

Je clos ce billet sur les temples pékinois aussi dense que légèrement foutraque sur ces dernières considérations historico-religieuses, mais ne vous inquiétez pas, je vous reparlerai vite de Pékin : j’ai encore deux ou trois petites choses à vous en dire…

 

GrandBondMilieu_Pekin_temple_ciel

4 Comments

  1. Pékin ville verte…!!! Paradoxe ! Car effectivement Pékin est beaucoup plus spacieuse, moins écrasée et contient beaucoup plus de parcs et de zones vertes que Shanghai et en même temps a un taux de pollution (en dehors de la période du Chinese New Year) nettement plus élevé que les autres villes chinoises (et ce n’est pas peu dire)….
    Quant à mon amnésie sur le temple du ciel et le Dagoba… Je ne peux que me lamenter sur la « nullitude » de mon cerveau à se souvenir de lieux aussi intéressants et beaux. A ma décharge, et dans le seul but de me dédouaner, le voyage professionnel que j’avais fait à cette époque avait été particulièrement éprouvant et nous avions visité en moins de 5 heures au moins 3 lieux essentiels de cette ville (à la mode chinoise). Or mon cerveau n’était pas exercé à un tel rythme…
    MMM

  2. Je vais pinailler un peu, mais le temple du ciel n’est pas un temple confucéen. A la limite, on peut l’affilier au taoïsme (la religion, pas la philosophie, qui ont pas mal divergé), bien que le culte du ciel serait plutôt affiliée aux religions ancestrales chinoises, précédant le taoïsme. Je n’ai aucune idée de comment appeler cette religion. Il faut dire qu’en Chine, pour le commun des mortels, les religions ne sont pas exclusives. Autant assurer ses arrières et prier tous les dieux. Du coup, tout est un peu embrouillé.

    • Oui, oui, je vois, ça pinaille, ça pinaille 😉 Taoisto-confucéo-culte primitif ça doit sûrement être ça, mais c’était un peu compliqué (d’autant que comme toi je peine souvent à faire le distingo entre tout ça, il y a trop de choses qui m’échappent…), c’était un raccourci rapide pour « pas bouddhique » finalement 🙂

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