Tourisme équitable au Cambodge

Au-delà des sites et des paysages magnifiques, un des aspects qui m’ont beaucoup plu au Cambodge, et à Siem Reap en particulier, ce sont les nombreuses possibilité de faire du tourisme de manière plus équitable. Et en ce qui me concerne c’était la première fois qu’une destination m’offrait autant de possibilités (faciles) d’allier l’utile à l’agréable. Vous me direz que venir visiter et dépenser son argent dans un pays permet déjà de participer à son économie, et ce n’est pas faux. Je trouve d’ailleurs toujours choquant d’entendre des touristes occidentaux pester parce que les billet d’accès à un site d’importance (type Angkor, Borobudur, Taj Mahal ou d’autres) sont « trop chers ». A se demander s’ils ont la moindre idée de l’argent qu’il faut pour entretenir ou rénover de tels monuments, et de la charge financière que cela représente pour un pays pauvre. Il me semble quant à moi normal de payer mon écot et de participer à l’entretien de ces monuments que je souhaite visiter, et je trouve même normal de payer le cas échéant un tarif plus élevé que les locaux comme c’est le cas en Inde. Mais je m’égare, revenons au tourisme équitable.

Le Cambodge est donc un pays pauvre : avec 73 dollars de revenu mensuel moyen par habitant il figure encore aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres d’Asie, sans même parler de se comparer aux pays occidentaux. Rappelons qu’au sortir de la dictature des khmers rouges ce pays s’est retrouvé avec une population décimée, déstructurée par des années de travaux forcées dans les campagnes, privée de son élite intellectuelle, de ses professeurs qui avaient été massacrés à tour de bras, bref, économiquement et socialement en ruine. Dans ce contexte, au lieu de « simplement » et « bêtement » aider le pays par des aides financières dont l’utilisation aurait pu être soumise à caution, un certain nombre d’initiatives équitables et durables ont vu le jour pour permettre aux cambodgiens non seulement de vivre mieux mais d’acquérir des compétences leur permettant d’assurer eux-même leur subsistance. Voici quelques « projets » auxquels il est facile et agréable de participer en tant que touriste tout en permettant à des cambodgiens de vivre et faire vivre leur famille :

Commerce équitable : Les artisans d’Angkor

Côté pile, les artisans d’Angkor sont une entreprise – française à l’origine – qui oeuvre depuis 1990 à permettre à de jeunes ruraux de trouver un métier, ainsi qu’à la préservation et au développement des techniques traditionnelles d’artisanat d’art en formant sur place des cambodgiens à ces savoir-faire. Ils emploient aujourd’hui 1300 personnes dont 900 artisans – hommes et femmes – formés dans leurs ateliers. Filage et tissage de la soie, sculpture sur bois, sur pierre, laque, peinture traditionnelle, travail de l’argent, céramique, autant de techniques où ils recherchent et atteignent l’excellence. Leurs ateliers de Siem Reap se visitent et permettent d’observer les artisans au travail, et rien que cette visite vaut d’y faire un petit tour (succès garanti avec les enfants qui peuvent observer de près le travail des artisans). Au-delà de la fabrication de produits qui pourront être vendus aux touristes de passage, les artisans d’Angkor mettent également leurs compétences – notamment celles des sculpteurs sur pierre – au service des projets de rénovation des temples d’Angkor pour « remplacer » les parties manquantes de certains temples.

Côté face, les artisans d’Angkor disposent de plusieurs boutiques au Cambodge (au centre de Siem Reap, à Phnom Penh et dans les aéroports des deux villes) qui présentent leurs magnifiques productions. Soyons honnête : leurs tarifs sont plus élevés que les souvenirs que vous trouverez sur les étals des bazars touristiques, mais leur réalisation – notamment celle des sculptures – est d’une qualité incomparable, et ils permettent de continuer à former des jeunes à un métier qualifié et de participer à l’entretien du patrimoine cambodgien. Ça vaut bien de se faire plaisir en y mettant une somme un peu plus élevée que d’habitude.

ArtisansAngkorShop

Et vous pouvez jeter un oeil à leur catalogue en ligne pour vous mettre l’eau à la bouche, voire craquer depuis votre fauteuil…

Le cirque Phare

Projet un peu plus récent (ils ont produit leur premier spectacle en 2013) le cirque Phare est déjà presque une institution de Siem Reap. Projet social commencé en 1994 par un projet d’école et d’enseignement des arts aux enfants les plus pauvres, ils forment également aujourd’hui des artistes de cirque et produisent des spectacles modernes qui allient musique, légendes et culture khmère, humour et techniques de cirque dans un ensemble parfaitement réussi. Ils jouent d’ailleurs à guichet fermé tous les soirs, n’hésitez donc pas à réserver quelques jours à l’avance pour être sûrs de ne pas les rater, il feront le bonheur d’une de vos soirées à Siem Reap et l’achat de vos billets participera à financer leurs projets sociaux et éducatifs.

 

Dîner pour une bonne cause

A Siem Reap, plusieurs restaurants proposent également de vous régaler tout en participant à une
bonne cause puisque ce sont des lieux de formation pour les futurs professionnels du tourisme… Nous avons notamment dîné au Peace Café, un restaurant végétarien un peu à l’écart des trépidations du centre de Siem Reap et où l’on peut déjeupeace-cafe-siem-reapner ou dîner dans un beau jardin tropical. Nous nous y sommes régalés, et le lieu accueille également des cours de yoga et des cours de cuisine khmer, ainsi qu’une petite boutique d’artisanat équitable dans une ambiance toute familiale.

 

Bref, à Siem Reap, les occasions ne manquent pas d’allier l’utile à l’agréable et il vous restera simplement à choisir dans votre guide touristique parmi tous les commerces et initiatives équitables possibles (notre Lonely Planet en recensait un bon nombre bien clairement identifiés). Et je me surprends à rêver que ce soit aussi « facile » de faire un geste de tourisme équitable sur toutes les destinations…

 

Sources photos : site des artisans d’Angkor et Never Ending Voyage

GrandBondMilieu_Cambodge_tourisme_equitable

6 Comments

  1. Oui ce serait bien que les petits artisans profitent plus du tourisme. Et en tant que touristes c’est tellement lassant de retrouver les mêmes choses, les mêmes enseignes partout ! Tout le monde y serait gagnant. En tout cas ton voyage fait rêver.

    • Et ce serait bien que les petits artisans ne cherchent pas trop souvent à faire du « cheap » pour les touristes mais à leur offrir aussi de l’artisanat de qualité… Je crois qu’un peu trop de touristes doivent aimer les trucs moches au vu de ce qu’on trouve dans certains marchés 😉

      • En voyageant un peu, on se rend surtout compte qu’il y a la même chose partout dans tous les marchés « touristiques », en remplaçant juste Cambodia par Philippines, Malaysia, Mauritius, etc.

        Donc je suis ravie de voir de telles initiatives de protection et développement d’artisanat local, cela me donne encore plus envie d’aller au Cambodge (enfin, tes articles précédents avaient déjà bien fait leurs effets).

  2. J’ai craqué « virtuellement » en regardant les produits proposés par les artisans en ligne. Quelle finesse ! C’est tellement différent de l’artisanat fabriqué au Kenya. Tout à fait d’accord pour encourager ces initiatives ! Je crois qu’il existe même de très chouettes guides de voyage spécialisés sur l’équitable au Cambodge.
    Je suis curieuse, dis-moi, en ce qui concerne la population locale, profitent-ils réellement de tous les sites et la richesse archéologique qu’offre leur pays ? Je t’interroge à ce sujet car, au Kenya, les locaux n’en profitent que rarement alors que les taxes d’entrée aux sites et parcs sont pratiquement offertes (la moitié d’un ticket de cinoche à Nairobi, et jusqu’à 20 fois plus chères pour un touriste). C’est comment au Cambodge ? La population s’intéresse-elle à son patrimoine ?

    • Oui, ce sont vraiment les plus belles sculptures que nous ayons vu là-bas (et moi aussi je craque totalement pour le style et la finesse de réalisation).
      Quant aux locaux, je ne sais pas dans quelle mesure ils profitent vraiment de leur patrimoine culturel, mais c’est toujours difficile de profiter d’une offre « culturelle » quand ta préoccupation quotidienne est plutôt de faire manger ta famille… En revanche il me semble qu’ils sont indéniablement fiers de leur héritage culturel.

      • Quelle grande vérité! Il n’y a que ceux avec le ventre plein qui peuvent se permettre le luxe de se perdre dans des questionnements existentiels ou culturels.

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