En quête du visa

Alors voilà, la République Populaire de Chine fait partie des pays du monde où les petits français que nous sommes ne peuvent pas entrer juste parce qu’ils ont vu de la lumière. Oh non, ne confondons pas : la Chine n’est ni le Maroc ni la Thaïlande, et pour y entrer il faut montrer patte blanche et faire une demande de visa en bonne et due forme.

Dit comme ça, ça peut sembler simple, mais un rapide coup d’oeil sur le site du centre des visas de la RPC en France aura tôt fait de vous rendre à la dure réalité : pour commencer, il n’existe pas une, ni deux, ni trois catégories de visa pour la Chine. Et non, il y en a seize. Les personnes sujettes à une phobie administrative doivent avoir une première bouffée d’angoisse rien qu’à la lecture de ce tableau des catégories.

N’étant pas sujet à ce type de phobie, je ne me suis pas laissé intimider aussi facilement et j’ai donc rapidement identifié qu’a priori MMM devra demander un visa Z (réservé aux personnes souhaitant travailler en Chine) et moi et les enfants un visa S1 (pour les membres de la famille d’une personne étrangère travaillant en Chine et souhaitant résider plus de 180 jours). Jusque là, j’ai tout bon me disais-je.

Plusieurs questions se posaient tout de même et pour lesquelles je ne trouvait pas de réponse. Par exemple devions-nous passer notre visite médicale en France avant de partir ou sur place après notre arrivée (visite médicale obligatoire pour obtenir le permis de résidence). Les enfants devaient ils également la passer ? Et surtout : pouvais-je prétendre travailler là-bas avec un visa S1 ? Si non, quelles étaient les conditions pour transformer ce visa S en visa Z ? Munie de toutes ces questions, je me fends d’un mail à la fois courtois et précis sur l’ensemble de ces points et je l’envoie avec mes cordiales salutations au centre des visas.

Et là, première réponse et premier contact avec l’administration chinoise : « Chacun doit remplir son formulaire de demande. Vous n’avez pas le droit de travailler. Votre mari demande un visa Z et vous , un visa S2 ». Et là, j’ai eu l’impression d’avoir reçu un coup au plexus : « vous ne pouvez pas travailler ». Pas de discussion, pas de condition, juste une affirmation définitive qui m’a laissée sonnée. L’administration chinoise, appuyée par 1,3 milliard de chinois me dit que je ne peux pas travailler, point. Or si je ne suis pas sujette à la phobie administrative, je dois avouer être relativement oisivo-phobique (ou travaillo-maniaque, c’est selon). Et là un fonctionnaire chinois me renvoyait directement au statut de « trailing wife » (chic expression anglaise pour signifier que je suis une femme placée dans le sillage de mon mari, autant dire qu’il me remorque comme un paquet tandis que lui fend les flots en portant fièrement son regard sur l’horizon). Il m’a fallu tous les bénéfices de longues années d’analyse pour ne pas céder à la panique et repousser la boule d’angoisse qui pointait son nez. Inspire, expire, inspire, expire.

Deuxième petit flottement : on m’affirme que je dois demander un visa S2 (pour un séjour de moins de 180 jours). Le doute m’étreint : est-ce une coquille ? Le fonctionnaire a-t-il mal lu ma demande ? L’administration chinoise refuse-t-elle les regroupements familiaux au delà de 180 jours ? Ou pire encore : suis-je incapable de lire correctement un tableau de catégorie de visas ? Finalement c’est l’entreprise de MMM qui lèvera le doute : j’avais bien lu le fameux tableau des catégories (hourra !) et ce sera donc un S1 (Dieu merci, la RPC n’est pas anti-regroupement familial).

Dès le lendemain, j’avais repris du poil de la bête et suis donc retournée à l’assaut avec un autre mail : « j’ai bien compris qu’il n’était pas possible de travailler avec un visa S1, je demande donc A QUELLES CONDITIONS pourrais-je le cas échéant faire une demande de visa Z pour pouvoir également envisager de travailler en Chine ? ». Là, il me semblait que j’étais bien claire et j’attendais impatiemment leur réponse. Et donc le lendemain, deuxième contact avec l’administration chinoise : « Bonjour. Comme votre mari, il faut avoir un visa Z. Cordialement ». Bon sang mais c’est bien sûr ! Suis-je sotte, pourquoi n’y avais-je pas pensé du premier coup ? Au moins les choses sont claires, a priori il ne faudra pas trop compter sur l’amabilité serviable de l’administration chinois. Nous voilà prévenus (et un homme averti en vaut dix).

En guise d’épilogue (à ce post), nous avons réellement demandé un visa avec MMM pour notre voyage de reconnaissance de quelques jours à Shanghaï (J-15 !). Un visa pour déplacement professionnel pour lui, et un visa tourisme pour moi. Ah oui, mais dans le formulaire des visas il faut dire qui va payer les frais de voyage, ce à quoi j’ai répondu que ce serait moi (même si en pratique nos frais seront pris en charge par l’entreprise de MMM). Ouuuuuuuh mais c’est qu’ils se méfient en Chine : MMM a dû faire un aller-retour à la maison pour aller chercher mes feuilles de paye et prouver que j’avais des revenus permettant de payer mon séjour. D’où cette question qui me taraude désormais : la France est-elle en si mauvaise posture économique que la RPC craint désormais que des hordes de français impécunieux tentent de partir à l’assaut de leur pays en pleine croissance ? Subitement je me sens plus comme une future immigrée que comme une future expat’. Ca tient à peu de choses finalement…

Mais voilà un thème qui vaudra certainement un post à part entière.

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